L'algocarburant : le carburant de demain ?
Afin de répondre à cinq enjeux essentiels environnementaux et économiques :
- réduire les émissions de gaz à effet de serre
- anticiper l’épuisement des réserves mondiales de pétrole et des ressources naturelles
- réduire la dépendance énergétique pétrolière
- offrir un débouché supplémentaire aux filières agricoles et de pêche
- créer une filière de valorisation des déchets
- baisser le prix des carburants
Des solutions plus écologiques ont vu le jour dans le domaine des carburants et des véhicules propres, notamment les véhicules électriques.
Qu'en est-il réellement ?
Aujourd'hui, les consommateurs ont le choix entre plusieurs solutions de transport utilisant l'électricité, l'hydrogène, le gaz, le gaz de pétrole liquéfié (un mélange d'hydrocarbures et de gaz) ou encore les biocarburants.
Regardons de plus près ces différentes solutions :
1°) Véhicule électrique
L'électricité semble en mesure de s'imposer comme le carburant de demain dans nos villes.
Il existe deux variantes, les véhicules électriques fonctionnant à l'électricité et ceux fonctionnant
l'hydrogène.
- Véhicule de tourisme fonctionnant à l'électricité
Prix moyen de l'investissement : 35 000,00 €
- Véhicule de tourisme fonctionnant à l'hydrogène
Prix moyen de l'investissement : 75 000,00 €
Inconvénients :
- en France, l’électricité est à 75% d’origine nucléaire, ce qui entraîne :
des contaminations dramatiques autour des mines d’uranium, en particulier au Niger, bien loin des villes françaises où circulent les voitures électriques
des rejets radioactifs et chimiques dans l’air et dans l’eau autour des centrales, situées pour la plupart en zones rurales
la production de déchets nucléaires entassés dans des sites de stockage situés en zones déshéritées très loin des centres urbains
la délocalisation de la pollution au détriment des régions et des populations éloignées.
- prix très élevé des voitures électriques
- le problème du non recyclage des batteries au lithium avec un risque de pollution pour l'environnement
- le risque d'épuisement des ressources naturelles (cuivre, aluminium, cobalt, nickel, manganèse et lithium)
utilisées pour la fabrication des batteries électriques et (platine) pour les piles à combustible
- dangerosité de l’hydrogène, un gaz volatil, hautement explosif, d'où la nécessité que les voitures à
hydrogène soient équipées d'un réservoir très solide pour faire face à tout risque d'accident
- la pollution environnementale aurait un impact direct sur la durée de vie des véhicules électriques roulant à l’hydrogène
- réduction de la durée de vie de la pile à combustible des véhicules roulant à l'hydrogène, qui nécessite
son remplacement après environ 150 000 km à un coût extrêmement élevé
2°) Véhicule au gaz
Il existe deux variantes, les véhicules fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié (GPL) et ceux fonctionnant
au gaz naturel.(GNV)
- véhicule de tourisme fonctionnant au GPL
Prix moyen de l'investissement : 20 000,00 €
- véhicule de tourisme fonctionnant au GNV
Prix moyen de l'investissement : 25 000,00 €
3°) Autres solutions alternatives : Les biocarburants
Il existe trois générations de biocarburants :
- première génération : les biocarburants issus exclusivement des cultures alimentaires ;
- deuxième génération : les biocarburants issus majoritairement des arbres et arbustes (bois, feuilles,
paille, etc.) ;
- troisième génération : les biocarburants issus des algues dits algocarburants
A) Il existe deux grands types de biocarburants de première génération sur le marché :
- les biocarburants issus des plantes contenant de l'huile comme le colza ou le tournesol (Diester ou
biodiesel, en substitution du gazole )
- les biocarburants obtenus à partir d'alcool produit avec des plantes contenant du sucre (betterave,
canne à sucre) ou de l'amidon (blé, maïs) : bioéthanol (ou E85) en substitution de l'essence et
nécessitant l'installation d'un boîtier E85 (ou flexfuel, Ethanol, kit E85) homologué. Son intérêt est de
permettre au moteur de fonctionner de façon optimale en contribuant ainsi à baisser les volumes
consommés.
Ce boîtier permet d'injecter la bonne quantité d'essence (SP98, SP95, SP95-E10 et SP98), en fonction
de la proportion d'éthanol présente dans le réservoir. Son prix est de 700,00 € TTC, intégrant l'installation
et l'assurance.
La plupart des véhicules immatriculés avant 2000 ne sont pas compatibles avec ce nouveau carburant.
L'article 19 de la loi de finances 2006 adoptée le 20 décembre 2005 engageait la France à incorporer
d'ici 2008 5,75% de biocarburants, 7% en 2010 et 10% en 2015, au delà des directives de la
Commission européenne qui a opté pour un taux d'incorporation de 5,75% d'ici à 2010.
Toutefois, la Commission européenne est revenue sur sa décision en proposant de plafonner à 6 %
l'utilisation des agrocarburants produits à partir de cultures vivrières d'ici à 2020.
SP95-E10 : c'est un carburant qui contient jusqu’à 10 % d’éthanol.
E85 ou « superéthanol » : ce carburant contient entre 60 % et 85 % de bioéthanol et permet de réduire de 40 % en moyenne les émissions de CO2
SP95 et SP98 : ces carburants contiennent au maximum 5 % de bioéthanol.
B7 (biodiesel) : destiné aux véhicules diesel, ce mélange contient jusqu’à 7 % d’EMHV (Ester Méthylique d'Huile Végétale)
On ne roule donc pas au bioéthanol ou biodiesel pur, mais avec des mélanges de carburants classiques
et de biocarburants, même si on appelle parfois ces mélanges « biocarburants », c'est la raison pour
laquelle certains préfèrent utiliser le terme plus correct d'agrocarburants".
Inconvénients :
- les biocarburants de 1ère génération ont une densité énergétique inférieure à celle des carburants
fossiles, ils provoquent une surconsommation. L’automobiliste, qui fait le plein plus souvent, est taxé
d’autant plus.
- les biocarburants de première génération utilisent des cultures qui remplacent celles pour l'agro-
alimentaire (les terres agricoles ne sont pas extensibles), elles contribuent aussi à l'augmentation du prix
de certaines cultures sur le marché. La production de ces biocarburants de 1ère génération est donc
limitée.
- certains biocarburants de première génération contribue à la déforestation qui libère le carbone du sol,
c'est le cas notamment des plantations des palmiers à huile (arbre originaire d'Afrique tropicale dont on
extrait du fruit de l'huile de palme). Ils ont donc un impact négatif sur la biodiversité.
B) Les biocarburants de deuxième génération utilisent uniquement les parties non comestibles des
plantes et les déchets agricoles, consomment beaucoup moins d'eau et d'engrais et ont un meilleur bilan
énergétique que ceux de la première génération.
Le problème est que leur production intensive peut inciter à utiliser les OGM et la mutation des espèces
végétales (le jatropha, le miscanthus...) utilisées pour fabriquer ce biocarburant pourrait en faire des
espèces envahissantes difficilement maîtrisables.
Il existe aussi les biocarburants produits naturellement, sous forme gazeuse, par fermentation sans
oxygène à partir des déchets alimentaires, végétaux : le biogaz (en substitution de l'essence et du
gazole) qui est un mélange de méthane et de dyoxide de carbone.
Le biogaz permet une réduction d’environ 60% des émissions de dioxyde de carbone, il réduit les émissions
de protoxyde d’azote et les émissions de particules zéro.
Inconvénients :
Le biogaz contribue à émettre du carbone dans l'atmosphère car les déchets organiques utilisés pour
fabriquer ce combustible rejetteraient du méthane dans l’atmosphère qui est encore plus polluant que le
CO2.
Il faudrait que le biogaz puisse réduire de plus de 100% les émissions de gaz à effet de serre pour éviter
ces rejets de méthane dans l'atmosphère.
C) Les biocarburants de troisième génération sont des carburants à base de lipides extraits des micro-
algues.
La majorité des micro-algues convertissent l’énergie solaire en utilisant du CO2 et de l’eau pour produire
de l’oxygène et de la biomasse algale (matière organique) par une réaction appelée la photosynthèse.
En septembre 2013, le Parlement européen a approuvé un soutien aux biocarburants dits avancés, c'est à dire produits à partir d'autres sources, comme les algues ou certains déchets. Ceux-ci devront représenter pas moins de 2,5% de la consommation en 2020.
Avantages :
- un carburant écologique 100% renouvelable avec une croissance rapide dont la ressource est
abondante et capable de remplacer les énergies fossiles de manière stable et durable
- l'algocarburant est tout à fait adaptable aux différents moteurs (diesel, essence, fioul et kérosène), ce qui
éviterait aux automobilistes d'acheter un nouveau véhicule
- possibilité de produire un algocarburant pur à 100%, sans incorporation de carburant fossile et à grande
échelle
- un rendement exceptionnel : les micro-algues pourraient produire entre 20 et 30 hectares d’huile par
hectare et par an, soit un rendement 30 fois supérieur aux plantes utilisées
pour les biocarburants. 1 litre de micro-algues permet d'obtenir 100 g d'huile
de haute qualité énergétique
- la culture des micro-algues est non polluante et ne nécessite pas de terres agricoles destinées aux
denrées alimentaires pour l'homme, puisqu'elles peuvent se cultiver aussi bien dans des eaux douces,
des eaux salées que des eaux usées
- les micro-algues se nourrissent de lumière, du CO2, du nitrates et du phosphates et apparaît comme une
piste potentielle pour réduire la quantité de CO2 et la pollution rejetée par l'industrie et l'agriculture
- faible émission de carbone dans l'atmosphère
- l'algocarburant est biodégradable et beaucoup moins dangereux à manipuler que les carburants
classiques
- création de filières pourvoyeuses d'emplois, le carburant n'est pas le seul débouché des algues
(cosmétiques, alimentation, bioplastique, engrais et pesticides naturels)
Inconvénients :
Le coût de production élevé de l'algocarburant, environ 10,00 € le litre en France car peu développé, mais
les coûts de production divergent selon les pays, au Canada, il serait en moyenne de 5,20 € le litre et aux
Etats-Unis de 1,40 € le litre.
Mais ce problème devrait se résoudre facilement grâce aux économies d'échelle qui seront réalisées
avec une production à grande échelle, pour que le prix à la pompe de l'algocarburant soit très abordable
et bon marché pour le consommateur (environ à 0,50 € le litre).
En France, le mouvement des gilets jaunes qui a été déclenché par la hausse des carburants révèle en
réalité un vrai malaise de la population face à la dégradation progressive depuis plus de 30 ans de ses
conditions de vie et de son pouvoir d'achat.
En Outre-Mer, ce mouvement s'est exporté à la Réunion, en mettant en exergue le problème de la vie
chère là-bas, mais ce problème structurel de la vie chère ne date pas d'hier et touche l'ensemble des
Outre-Mer.
Nous avons pu le voir en Guyane fin 2008 avec la crise des carburants trop chers, puis début 2009 en
Guadeloupe avec le mouvement LKP, puis à Mayotte et à la Réunion et en 2017 à nouveau en Guyane
avec le mouvement des grands frères.
Que faut-il penser de cette crise sociale qui touche l'ensemble du territoire français ?
Elle préfigure une crise réelle et profonde de notre modèle de société qui engendre des inégalités, de la
pauvreté, de la violence, de la criminalité, de la délinquance, des injustices, de l'échec scolaire, des
discriminations, du racisme, de la xénophobie, de la corruption, de l'intolérance, des gaspillages, de la
pollution de notre environnement...
Ce qu'il faut retenir :
Il ne faut pas reproduire les erreurs du passé, reporter les problèmes sans les régler avec le risque de voir
qu'un jour la goutte d'eau fera déborder le vase et créera une crise.
Nos propositions :
- Inscrire dans le plan pluriannuel de l'énergie, l'algocarburant afin qu'il remplace progressivement et
durablement les énergies fossiles : Solution la plus écologique et la plus économique
- Réserver les véhicules électriques à court et à moyen terme (d'ici 5 ans) aux entreprises,
collectivités et au transport public, puis à long terme (d'ici 10 ans) l'algocarburant prendrait le relais
- Mettre en place un réseau de distribution de l'algocarburant à court et moyen terme (d'ici 5 ans)
pour les véhicules de tourisme des particuliers
- Proposer sur le plan européen un programme de financement de recherche et de développement
pour l'accompagnement et la mise en place de l'algocarburant dans un avenir proche (d'ici 5 ans) et
plus largement des énergies renouvelables
- Expérimenter le revenu universel d'activité dans les régions d'Outre-Mer, avant de l'élargir sur
l'ensemble du territoire français, afin d'apporter une réponse concrète et durable à la problématique
du chômage et du pouvoir d'achat
- Proposer la création d'un conseil citoyen (dont les membres viendraient de la société civile) au
projet de loi constitutionnel du gouvernement, afin de faire jouer pleinement la démocratie
participative. Le peuple aurait ainsi la possibilité de participer à la gestion de la cité, pour que ses
préoccupations et propositions soient prises en compte au niveau des textes législatifs et
réglementaires aussi bien au niveau de l'assemblée nationale qu'au niveau du parlement européen.
Références :
1°) Sites internet : www.consoglobe.com; www.greenwatt.fr; www.fracademic.com;
www.bio-carburant.info; www.passerelleco.info; www.ifpenergiesnouvelles.fr
2°) Ouvrage : "Contribution au projet guadeloupéen de société" , Antoinette LAPTES, Maud ALET,
Patricia POMPILIUS, CASAD, Editions JASOR, Pointe-à-Pitre, 2013
3°) Téléchargez ici notre avant-projet sur le revenu universel d'activité
4°) Photos et extraits de vidéos Youtube